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En deux mots, c'est quoi ?
C'est un mec... Qui a peut-être pas trop bien compris comment il s'est retrouvé avec ce nom de code, d'ailleurs. Il le doit à sa mémoire et au héros grec du même nom, mais ça on s'en fiche. Ce qui compte c'est qu'il a une mémoire d'éléphant et qu'on lui demande de s'en servir. L'ennui, c'est que le job est éprouvant pour les nerfs et que notre homme a parfois des envies de se la jouer pantoufle.
26 novembre 2011

"Port-Arthur", par Pierre Frondale

Fiche-Lecture1936.

A mes heures, je me laisse aller à jouer les rats de bouquiniste... Par chance, je n'ai ni le temps ni la place de donner libre cours à ce loisir... Car ça pourrait devenir cataclysmique. J'ai un goût immodéré pour les vieux papiers et ce qu'on peut en extraire.

Pour les bouquins pas encore vieux aussi, notez bien...

Ce jour-là... J'ai vu ce truc qui, à l'évidence, devait parler de la guerre russo-japonaise de 1904-05. Ca tombait bien, je venais de me pencher sur le sujet. J'y ai vu une occasion de voir comment, dans les années 30, on présentait la chose en occident.

Assez vite, j'ai lâché ma lecture pour aller pianoter sur mon clavier et demander aux grands génies de la Toile d'araignée qui était ce "Pierre Frondale". Je ne connaissais pas ce nom, et le livre provenait du bac où on trouve tout aussi bien que rien et le pire comme le meilleur, mais le style était attrayant et même captivant.

C'est effectivement un auteur qui a laissé son nom,  mais semble-t-il pas spécialement pour ce genre de livre.

1936-Port-Arthur-Frondale

Lecture, donc, pas décevante du tout... Quoique à vrai dire, je ne suis en rien persuadée que Frondale soit représentatif de la façon de penser générale dans l'entre-deux guerres.

Hergé l'a bien montré, avec le "Lotus Bleu" : le racisme anti-asiatique est assez brutal dans les années 30. D'une part ceux qui croient aux préjugés sur la Chine (dénoncés par Hergé), d'autre part la méfiance grandissante envers le Japon, qui dans ces années-là a des prétentions coloniales impérialistes en Chine (mis en évidence par Hergé, ça, avec un "méchant" affreux-affreux, un peu espion sur les bords, et japonais).

Ce roman, donc, évoque la guerre russo-japonaise de 1904-05, et très précisément la terrible phase du siège de Port-Arthur. On est encore bien loin de l'incident de Moukden (ou Liutaogou) en 1931.

2011-09-Cabrita-500

C'est très émouvant... Et ça n'a de guerrier que le contexte. Un contexte terrible, pour des hommes qui se croisent, se cherchent, se poursuivent, se cherchent encore, se redoutent, se détestent, s'estiment, se haïssent et finalement auraient peut-être eu une chance, si on ne leur avait offert de l'essence à jeter sur le feu de la haine de voir la femme qui est entre eux les réunir.

Car le drame est noué autour d'une femme, un être tendre et fragile qui ne demande que le bonheur. Elle s'est enfuie quelques mois plus tôt avec son amoureux qui l'a épousée sur le bâtiment de la flotte russe où il est officier. L'idée de vivre en Russie ne l'inquiète pas. Elle est elle-même née d'un mariage mixte et a vécu en Russie jusqu'à ce que la mort de son père amène son demi-frère à les emmener vivre au Japon, elle et leur mère. Pour son mari, elle est russe, c'est tout.

Mais pour son frère, officier japonais, elle est japonaise... Un point c'est également tout.

L'histoire d'espionnage... Est prenante, mais en fait, c'est l'ineluctabilité de la fin tragique de cette course-poursuite qui marque le plus.

Histoire sans Happy End, vous l'aurez bien deviné.

Le texte de Frondale m'a très vite frappée par le niveau de compréhension qu'il montre de la pensée japonaise. On est très très ( à cent mille lieues) des préjugés qui étaient, semblent-il, courants dans les années 30 à propos de l'Asie, et de la haine entretenue envers le petit Japon et ses prétentions à jouer dans la cour des grands (encore une fois, voir Hergé, le Lotus Bleu, dont la publication dans le Petit Vingtième se fit entre 1934 et 1936).

Le "petit" Japon qui, en 1904-1905 avait beaucoup prêté à caricature par son affrontement avec le géant russe... Mais qui dans les années 30 ne prête plus tant à rire. Il a prouvé déjà deux fois (1904-05 et 1914-18) qu'il n'est pas si "petit" que ça.

1904-Sabotage

L'importance de l'honneur, bien sûr, est très clairement mise en évidence, au travers du frère de la jeune femme, mais il n'est nullement question de cruauté, seulement de l'intense, absolue nécessité d'aller jusqu'au bout et de ne pas faillir. La soif d'harmonie en toutes choses, aussi, qui est plutôt incarnée par la femme. Un passage évoque aussi le bouddhisme, de façon assez claire et bien posée. En bref = un livre finalement pas guerrier du tout...

Surtout quand on pense qu'en 1931, cinq ans ans avant la sortie de ce livre, le Japon a envahi le nord de la Chine (création d'un état-vassal en Mandchourie) et qu'il a été amené à quitter la Société des Nations (SDN) en 1933.

En 1937, ce sera la guerre sino-japonaise, qui durera jusqu'en 1945...

  *

 

Annee-1905


 

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